samedi 24 août 2019

Motion sur l’antisémitisme


Fédération anarchiste 78 ème Congrès (Amiens juin 2019)

Les chiffres des actes antisémites commis en 2018, et révélés par le ministère de l’Intérieur sont effarants. En un an, les actes recensés sont passés de 311 (en 2017) à 541, soit un bond de 74 %. Pour autant, pour nous anarchistes, il ne s’agit pas d’une « résurgence de l’antisémitisme », parce que celui-ci a toujours été présent au cours de l’histoire et se répand de manière exponentielle aujourd’hui, notamment avec les réseaux sociaux.

L’antisémitisme, visant les Juifs, ou supposés tels, en tant que groupe religieux, ethnique ou racial, n’est pas le seul apanage d’une droite extrême ou se voulant "traditionnelle " ou "nationaliste". Il réapparaît plus fort à chaque crispation identitaire.

De tous temps, de nombreux prétextes ont été utilisés pour justifier l’antisémitisme. Mais l’antisémitisme, en tant qu’une des formes politiques du racisme, culmine lors de la Conférence nazie de Wansee, pour définir les modalités administrative, technique et économique, de la "solution finale de la question juive ". L’antisémitisme a également ciblé les Juifs par les purges staliniennes, comme lors du « complot des blouses blanches ».

Après la Seconde guerre mondiale et l’extermination des Juifs, la plupart des militant·es juifs et juives ayant disparu, s’en est donc suivi un silence lourd de conséquence sur la Shoah, y compris dans les rangs des militant·es anarchistes. Est-ce dû au fait que la Shoah nous questionne profondément en tant qu’êtres humains ?

Toujours est-il que, non seulement l’extrême-droite, mais aussi des éléments issus de l’extrême gauche ont commencé à développer des propos et des positions révisionnistes voire négationnistes sur l’existence même du massacre des Juifs... alors qu’il est aujourd’hui acquis par les historien·nes qu’entre 5,5 et 6,5 millions d’entre eux ont disparu durant ce génocide. L’antisionisme est une autre question. Il est donc important de mobiliser toutes nos forces pour combattre tous propos ou actes antisémites et de bien les dissocier de l’antisionisme.
L’ignorance de ces faits alimente le négationnisme et le révisionnisme.

Les anarchistes ne traitent pas le nationalisme de l’Etat israélien autrement que n’importe quel nationalisme.
L’Etat d’Israël est pour nous un Etat parmi tant d’autres, qui développe aujourd’hui une politique raciste, colonialiste et sous pression religieuse.

Nous continuerons à soutenir les Anarchistes contre le mur en Israël, tout comme les objecteurs·trices israélien·nes, de même nous soutenons la lutte de la population palestinienne opprimée, et ce parce que directement au cœur des combats pour la liberté de chacun·e.

Car nous avons bien conscience que la création de l’Etat israélien confirme la thèse anarchiste que la création d’un Etat ne peut se faire que dans la violence. Nous avons cependant également conscience que, se dire anti-impérialiste ne suffit pas à se prémunir contre l’antisémitisme.

Aussi, en tant qu’anarchistes contre toutes les formes de discriminations et d’oppressions, nous continuerons à lutter contre l’antisémitisme, et à combattre toutes les formes de racisme, notamment à l’encontre des migrant·es, des réfugié·es et des exilé·es, activement dans la rue, mais aussi en renforçant nos moyens de diffusion (le Monde libertaire, Radio libertaire, Editions du Monde libertaire, tracts, conférences, cycles de formation, etc.) par des argumentaires et des recherches historiques.

Le racisme et l’antisémitisme sont des armes de ceux et celles qui cherchent à diviser pour dominer. Nous les combattrons pied à pied.
Fédération anarchiste

Motion sur le Service national universel

Fédération anarchiste 78éme Congrès (Amiens juin 2019)

NON, le Service national universel ne passera pas !

Dès leur origine, les États se sont construits sur la constitution de forces armées, l’encadrement de leur population et le pillage des peuples environnants.

Depuis 1995, les armées françaises ont été engagées dans 106 OPEX (Opérations extérieures) telles « Serval » au Mali et « Barkhane » au Sahel. Mais il y a aussi les « ennemis de l’intérieur », et les OPINT (Opérations intérieures) habituent les populations à côtoyer régulièrement des soldats armés, par exemple avec « Vigipirate » et « Sentinelle ».

La « fabrique du consentement » de l’État commence par le lavage des jeunes cerveaux : « La culture de défense et de sécurité nationale est inscrite dans le socle commun de connaissances et de compétences que les élèves doivent acquérir pendant leur scolarité à l’école, au collège et au lycée », Ministère de l’Éducation nationale, 2015.

En 2018, Macron promet « un service national de durée courte, obligatoire et universel encadré par les armées et la Gendarmerie nationale » et nomme un groupe de travail présidé par le général Menaouine, avec pour objectif d’« inculquer aux jeunes la discipline, l’autorité, les priorités stratégiques de la France », ajoutant que « ce service national servira en cas de crise à disposer d’un réservoir complémentaire de la Garde nationale ».
Pour rappel, le SNU ou semblant de SNU était proposé par tout l’échiquier politique aux dernières présidentielles.

Dès juin 2019, 3 000 filles et garçons « volontaires » de 13 départements « pilotes », âgé de 15 à 16 ans sont destinés à être incorporés pendant 1 mois, dont 15 jours encasernés en uniforme, réveillés à 6 H 30 avec lever des couleurs et hymne national. Les 180 « encadrants » ont été formés à l’École militaire de Saint-Cyr
Coëtquidan.
Une deuxième « fournée » de 40 000 jeunes est prévue en 2020, avec la perspective d’obliger toute une classe d’âge (800 000 adolescents) à suivre 2 séjours de 15 jours autour de 16 ans.
Il est également précisé que, jusqu’à 25 ans, « s’il le souhaite, l’appelé pourra poursuivre son engagement en devenant cadet de la Sécurité civile, volontaire dans les Armées, les associations... ». Pour une période de 3 à 12 mois : endoctriné.e.s pour devenir une main d’œuvre docile, bon marché, sans droits sociaux, ils et elles
seraient ainsi préparés à la précarité et d’autre part, l’armée y gagnerait de nouvelles recrues.

Depuis Georges Darien envoyé à Biribi pour insoumission, le groupe « Anarchisme et Non-violence » s’opposant à la guerre d’Algérie, Louis Lecoin en grève de la faim pour le droit à l’objection de conscience, les anarchistes se sont toujours battus contre la militarisation des corps et des esprits, symbolisée par les 5 protocoles « Défense – Éducation nationale », depuis les deux premiers, Hernu-Savary en 1982 et Chevènement-Jospin en 1989.
C’est dans la continuité de ces luttes que la Fédération anarchiste combat l’importante aggravation que représente le Service national universel.

Par l’information auprès des jeunes et des parents, par diverses actions décentralisées, en lien avec associations et syndicats refusant cette vaste entreprise d’embrigadement nationaliste et patriotique, la Fédération anarchiste fera tout pour enterrer le SNU.
Fédération anarchiste